Etablissement BRISOU
 

Résumer l'histoire de la maison Brisou, depuis sa fondation, c'est rappeler les transformations de la métallurgie du fer pendant le XIXe siècle, c'est aussi évoquer la lutte tenace d'une famille contre l'évolution adverse de l'Economie Industrielle pendant la même période.

Une topographie favorable, parce que tourmentée, à une époque où les moyens de manutention étaient rudimentaires, une force hydraulique à la lisière des forêts productrices de combustible, un centre de main-d'œuvre au voisinage de minerais faciles à extraire permirent à Pierre Brisou de fonder, en 1822, un haut fourneau dans le site pittoresque de Serigné.

 
L'effet du libre échange, la révolution apportée dans l'industrie de la fonte par l'utilisation du coke de houille brisèrent l'élan des premières années. Les descendants du fondateur, modifiant leur industrie, productrice de métal, y substituèrent une industrie transformatrice, la fonderie de fer.
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Le tracé des grandes voies ferrées s'écartant de la vieille usine, menaça à son tour de compromettre, et définitivement, l'avenir de cette industrie. Après une lutte prolongée contre cette entrave, le chef actuel de la maison, Charles Brisou, jeta, en 1908, à Servon-sur-Vilaine, au contact immédiat des grandes voies de communication, les bases d'une filiale qui, topographiquement et géographiquement mieux placée, pourvue des derniers perfectionnements des grandes usines modernes, progressa rapidement jusqu'à aborder en 1919 et à remplacer totalement en 1922, l'industrie centenaire de Sérigné.

Constituée en société sous la raison sociale " Ch. Brisou et Fils, P. Brisou et P. Tigeot ", la fonderie de Servon occupe désormais une place de tout premier plan parmi les industries du département et les fonderies de l'Ouest de la France. Le bassin parisien, la Normandie, le Maine, la Basse-Loire, la Bretagne connaissent la réputation de ses produits et prouvent par l'accueil qu'ils leur réservent, la vigueur de la jeune branche poussée sur l'arbre séculaire.

Des fabrications variées, fontes de chauffage, fontes pour machines agricoles, fontes mécaniques, s'étendant en une gamme continue depuis la pièce petite et fine jusqu'à la lourde pièce utilisée par la construction mécanique assurent un juste équilibre entre les places de la production. Rares furent, pendant une si longue histoire, et même au cours des plus fortes crises industrielles, les périodes de chômage imposées à un personnel expérimenté et dévoué.

Attachée à celui-ci par l'effort parallèlement de plusieurs générations de patrons et d'ouvriers, la Société des Etablissements Brisou s'est efforcée d'améliorer le bien-être et la sécurité de son personnel. Des maisons ouvrière qui peuvent passer pour un modèle du genre, des jardins, une jeune Association Sportive, une Musique instrumentale appréciée, une cantine accueillante où les jeunes ouvriers trouvent une aide contre la vie chère témoignent de la
continuité de cet effort. Chaque développementindustriel est marqué par l'éclosion simultanée d'une institution nouvelle.
L'évolution économique se peut poursuivre et imposer de nouvelles transformations. L'âge de la houille bleue, dont la Bretagne est si merveilleusement dotée, peut succéder à celui de la houille blanche après le règne de la houille noire !… Les continuateurs trouveront, dans les exemples de leurs aînés et dans l'expérience de générations successives attachées au même labeur, toutes les ressources pour suivre les changements de l'économie et, peut-être, pour faire renaître, au voisinage du minerai de fer, l'idée créatrice du premier fondateur.
Carte postale envoyée par Mme BRISOU en juin 1914 :
" Chère petite amie, je m'empresse de répondre un mot à votre carte, vous priant en même temps de nous excuser près de Monsieur Vigour de ne lui point répondre encore. Je ne sais encore si le 2 juin sera disponible pour notre voyage à Saint-Brice, nous allons d'ici quelques jours être fixés, d'autant que nous allons demain à Rennes… En ce moment je vous dirai que nous sommes obligés de circuler beaucoup, étant invités ou pris de tous côtés. Tous nos dimanches sont pris d'ici longtemps car c'est le dimanche le jour le plus facile à mon mari pour prendre des vacances. Et nous en avons les quatre prochains retenus, puis la communion de Jeanne le 12 juin, un dîner le jour de l'Ascension, un concours de musique à Dinard le 28 juin : vous voyez d'ici là le programme bien chargé ! En attendant que je puisse envoyer une réponse exacte le plus tôt possible : dites à Monsieur et Madame Vigour combien nous les remercions de leur amabilité et offrez leur notre meilleur souvenir. Amitiés à Gabie bons baisers à …. De M. Brisou
 
Olivier FIOT